Après une expérimentation cet été, tous les Français auront en janvier 2022 un espace numérique en santé, qui proposera de stocker et de partager toutes leurs données. Y compris celles de leurs applications smartphone
Vous ne l’avez sans doute pas remarqué, mais il est impossible, depuis le 1er juillet, de créer un Dossier Médical Partagé (DMP). Ce carnet de santé numérique, qui réunit tous les documents importants, ordonnances, examens, analyses sanguines, s’est révélé être un cuisant échec. Loin des 40 millions d’ouvertures visées par le gouvernement d’ici à 2023, il plafonnait, fin 2020, à moins de 10 millions. Surtout, de nombreux patients ont créé leur DMP… sans jamais le rouvrir.
Mais le gouvernement veut relancer l’idée, en modifiant la forme et le fond. Voilà pourquoi nous allons progressivement dire adieu au DMP pour découvrir Mon Espace Santé.
Côté planning, une première expérimentation de Mon Espace Santé sera lancée cet été, en août plus précisément, dans trois départements : Haute-Garonne, Somme et Loire-Atlantique.
En janvier 2022, on passera à la généralisation de ce nouvel outil, censé modifier, une bonne fois pour toutes, le rapport entre soignants et patients grâce au numérique.
Que va-t-on trouver dans cet espace numérique ? La plateforme, globale, sera composée de quatre onglets.
Ainsi, concrètement, demain, grâce à Mon Espace Santé, si vous débarquez à l’hôpital après un accident de voiture, n’importe quel médecin, à condition que vous lui donniez le code, pourra vérifier votre groupe sanguin, vos traitements en cours, vos directives anticipées…
Pour éviter que cette nouvelle étape ne se transforme en fiasco (et en gâchis d’argent public), trois conditions ont changé.
Par sûr que Mon Espace Santé ravira les soignants, qui manquent de temps pour leurs consultations et qui ne répondront donc pas forcément directement à leurs patients sur la messagerie ou qui ne prendront pas plus le temps de remplir ce nouvel espace numérique que (feu) le DMP.
L’autre challenge sera de convaincre les Français qui craignent une mainmise de l’État sur leurs données confidentielles. « Aujourd’hui, il y a plein d’informations qu’un patient stressé va oublier de donner juste avant son opération, justifie Dominique Pon. Des examens sont réalisés sur le mauvais patient, ou refaits par sécurité. Au-delà de la performance et des économies, si on se coordonne mieux, demain, on sera mieux soigné. » Mais il existe aussi un enjeu économique et de souveraineté. « On risque de perdre le numérique en France, comme on a perdu l’industrie. Je pense que si on parle d’emplois pour nos enfants et de données de santé qui risquent d’aller chez les GAFA, on pourra convaincre beaucoup de monde. »
Reste que tous les Français ne sont pas à l’aise avec l’informatique ou bien connectés. Celles et ceux qui le souhaitent pourront garder leurs ordonnances en papier, en plus d’un double numérisé.